Si nous n’ignorons pas que la ligne droite est le plus court chemin, nous connaissons aussi les charmes de la courbe, l’aventure des voies de traverses, la diversité des itinéraires libres.
La vie aussi nous offre de fructueux détours. Ce fut le cas ce 17 avril. Bloqués au sol par les cendres d’un volcan capricieux rugissant de sous la glace, nous femmes et hommes aux courtes ailes, nos ciels furent d’échanges, notre pensée et notre langage furent nos plus puissants transports ! Nous avons su l’éprouver dans chacun de nos pas, au plus profond de notre cœur, dans cette fête printanière déliant ses plus beaux bouquets.
De la Basilique de Vézelay à l’Assekrem, nous nous sommes liés en une seule voix, un seul désir, écrivant ensemble un texte voyageur.
photos CF, EA, EQ
Nuage de soufre, douleurs ailées,
clouent les avions du ciel au sol.
Nos yeux se ferment pour voir les dunes,
où seules nos âmes ont émigré.
A l'aube éteinte sous les cendres,
nos coeurs nomades se sont figés.
Nos verres de vin ont consolé
tous nos chagrins de sables.
Entre crypte et désert
Entre zéro et l’indicible…
Je suis là
Où je ne m’attendais pas
Je suis là
Où tu m’attends peut-être
Dans le souffle qui cherche le passage
Vague
Dans la gorge obstruée
J’ai froid
Désir déserté
Désert désiré
Je cherche la source
Au cœur de la crypte
J’ai laissé mon lourd manteau
Au seuil de la porte rouge
J’ai laissé la lumière du soleil couchant
J’entre dans le noir sans savoir
Vous êtes là
Dans l’instant Ouvert
Où règne le silence
Où seulement nos souffles
Au seuil de l’invisible
Seuil de l’inexplicable
Temps suspendu
Désir inconnu
Désert offert
Nous sommes là
Tout simplement.
Vézelay, Avril 2010