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Lot août

20-26 août 2017


 
les photos du séjour:  http://aphanese.viabloga.com/news/lot-en-aout-2017 


             C’était un petit pont, presque un pont d’opérette, un pont sur le Célé dont l’eau verte et glacée, coulait, éblouissante, sous le soleil d’été. Il s’arrêta en son mitan et sourit. Les mots ont un sens, toujours, même s’il est caché. Le vieux cœur de Figeac reposait devant lui. Combien de fois Champollion avait-il arpenté ces rives, les rives du Célé ? Il s’accouda à la balustrade. La rivière s’écoulait si lentement, si silencieusement qu’elle semblait un étang. Il se pencha et vit son visage reflété d’en bas, deux yeux qui le regardaient d’en haut avec une curiosité inquiète. Il en fut étonné. C’était comme s’il avait surpris son âme scrutant ce qui, en lui, était celé. Ecrire était-ce donc cela ? Partir à la recherche, de soi, du temps perdu, des signes cherchant les signes ? Traverser le Célé, gagner l’autre rive. De la rive où on est l’autre rive est toujours la rive du rêve. Voilà qu’il hésitait. Etrange timidité. Il était venu en autostop et on l’avait laissé à 100 m du pont, il pouvait encore retourner à ce carrefour, une voiture viendrait qui, sûrement, pourrait l’emmener. Mais de l’autre côté  le vieux cœur de Figeac reposait. Derrière lui une rive impudique, large, ouverte, neuve. Et devant, il voyait l’ouverture de ruelles qui, tout de suite, s’emberlificotaient, tout de suite se cachaient, gardant jalousement une pudeur ancienne. Il se courba, prit son sac à ses pieds, et passa les bretelles à ses épaules comme un prêtre son étole. Il se pencha encore une fois sur l’onde immobile. L’âme était toujours là qui le regardait. Alors, sans plus d’hésitation, mais le cœur battant tout autant, il pénétra les venelles du vieux cœur de la ville.

Ombre fraîche, il avait quitté le soleil lourd du pont, il avançait dans l’ombre fraîche de rues comme des puits avec, tout au fond là-haut, une eau pure et lumineuse où ramaient à petits coups d’aile des oiseaux minuscules. Les maisons à colombage penchaient sur lui leur ventre maternel. Poutres entrecroisées noircies de siècles, pierres grumeleuses mangées de vent, de soleil et de pluies. Les rues étaient vides. Autour de lui elles portaient deux noms, rue Clermont/carriera de las bonas manas, rue Baduel/carriera del Masel, rue du consulat/carriera del pesdelblat, deux villes en une, deux identités qui se superposaient sans jamais se rejoindre et qui, pourtant, n’en faisaient qu’une. Que cherchait-il impasse du Grifoul ou place de l’estang ? Que cherchait-il rue montante des bonatistes ou rue Ortabadial ? C’était un mystère. Il s’arrêta, songeur. Il sortit son carnet et écrivit ce mot : mystère. Le soleil rongeait l’ombre sans un bruit. Il croisa une femme aux cheveux blancs noués qui montait à pas lents. Elle lui offrit au passage un sourire de madone. Il rangea son carnet et entra dans la nuit de l’abbatiale St-Sauveur. Le silence filtrait le soleil dont les rayons tombaient en gouttes de sang sur le dallage froid de pierres luisantes de foi ancienne, polies de pénitence, creusées par les genoux. Silence. Il faut lever les yeux pour trouver la lumière. Retable d’or et de douleurs. La mort est un soleil, la quête une souffrance. Silence. Patine de prières. Odeur de cave et de voûtes. Tombeau. Vite, il sortit. Eblouissement. Sur le parvis le soleil tranchait dans l’ombre à vif comme l’épée du conquistador sur le cou de l’inca. Il eut un mouvement de recul. Tout là-bas, derrière, des collines verdoyantes appelaient son nom comme un chant de sirènes. Il les écouta un instant, tapi dans l’ombre de l’église jusqu’à ce qu’elles se taisent. Puis il s’assit, sortit son carnet et écrivit ce mot : silence.

Dédale de ruelles à flanc de colline qui parfois dévalaient comme des torrents secs dont le lit de pierres luisaient d’un poli d’eau et de pas. Deux jeunes filles le dépassèrent en riant, flèches de lumière au pas dansant claquant la pierre. Plus bas, il déboucha sur une place minuscule et cachée où la venelle qu’il suivait n’ouvrait pas franchement, bien en face, mais de manière secrète, par un côté. Elle était entièrement occupée par une grande coulée de basalte d’un noir profond et lisse où des signes étaient gravés. Un couple de touristes contemplait ces signes à leurs pieds et leurs voix se répercutaient comme au fond d’une combe. Puis ils continuèrent et disparurent à l’angle opposé. Il pénétra sur la place et comprit alors qu’il se trouvait sur une reproduction gigantesque de la pierre de Rosette. Dessins de hiéroglyphes, de démotique et de grec, qu’y avait-il écrit ? Il ne le savait pas.  Son pas resta suspendu comme le pas du héron de peur de profaner. Comme une fourmi, marcher sur un livre. Rêve halluciné d’un Gulliver lilliputien. Ici aussi le soleil coupait l’ombre en son milieu. Mais la pierre était une nuit, des mots y étaient gravés, ils tremblaient comme une onde. Il sortit son carnet et écrivit ce mot : verbe. Il était alors au centre de la placette. Il regarda autour de lui, ses jambes fléchirent comme prenant soudain conscience d’une fatigue extrême et il s’assit sur le basalte chaud dans la gravure des mots. Derrière lui les hiéroglyphes. A ses pieds le démotique et plus loin, devant, le grec. Pierre philosophale dont l’or était les mots, la pierre avait effacé un mystère millénaire et qui semblait enfoui à jamais, les temples d’Egypte ne crieraient plus en silence, des murmures grondaient maintenant sur les bas-reliefs de ses tombeaux et palais, sur tous ses papyrus et sur toutes ses fresques, un brouhaha immense, cacophonie de voix enfin libérées de leur gangue d’ignorance.

C’est ici que tout pouvait commencer.

Il sortit un cahier neuf et se pencha sur lui.

 

Marc B. Aout 2017  Cap Blanc 




 CAP BLANC, vendredi 25 août 2017

1 bis – Reporter dans un grand magazine, Nathan avait reçu une proposition d’écriture de livre sur les chemins de Compostelle et les pèlerins qui foulent leur herbe. Avant de donner réponse, Nathan avait murement réfléchi et pris la décision de prendre la route quelques jours en endossant la tenue de pèlerin,  peut-être une semaine,« pour voir » s’était-il dit dans un premier temps, puis, il avait décidé de dormir en pension-relai des pèlerins pour comprendre, communiquer, entendre les motivations profondes qui jetaient sur les chemins ces « coquillards »des temps actuels, le pourquoi du renoncement au confort quotidien, pour entreprendre une marche non expiatoire mais une marche où le corps et la pensée s’efforcent de retrouver des valeurs religieuses de paix et de joie. Devant cet engagement que toutes et tous ont  à cœur de tenir, une interrogation, une pensée nouvelle émerge, l’interroge, une pensée sur lui, sur ceux qui l’entoure.

 Marcher l’apaise. Lorsqu’il est seul, entre deux groupes de pèlerins, il ralentit ses pas, se laisse imprégner par le vent dans les branches, pour un peu il laisserait ses mains se détendre et caresser le tronc des arbres, frôler les fleurs. Mais vite il se reprend, il est là pour travailler, ressentir la fatigue dans ses muscles, peut-être expier, expier quoi ? Tout s’embrouille. «  Ah, oui, le chemin de croix du Christ … combien de stations ?... le catéchisme quand il était enfant…. Combien de stations ? Dix ? Douze ? Il ne sait plus. Tout à l’heure, Il regardera à l’église ». Une pensée soudaine, vive comme un coup de vent balaie cela « un chemin de croix on en a tous eu un ».
Un rapace volant bas interrompt ses élucubrations. Au loin, il aperçoit le clocher de l’une des trois églises de Figeac, un phare dans ce paysage dense et accidenté de champs, de bois et de cours d’eau. Il va bientôt entrer dans la ville, il se sent soulagé, pourquoi ? Il ne sait pas. Il s’inquiète de ces pensées parasites qui maintenant lui rendent visite depuis qu’il a commencé cette enquête, qu’il sait immergée  dans la vie des pèlerins du chemin de Compostelle. Alors qu’il explore du regard la vitrine d’une librairie bien achalandée, une pensée éclair lui traverse l’esprit « et si, le pèlerinage n’était pas qu’une affaire de religion ? Et si…. ». Pensée vite chassée. Bien que fatigué, il accélère le pas, direction le bureau des pèlerins pour tamponner son livret de parcours. Tamponner son livret, comme à l’école. Maintenant, il va déposer ses bagages là où il va loger cette nuit, non pas un hôtel, mais un point d’accueil avec une mère qui s’occupe de tout, nourriture, logement. Il voudrait aller à l’Abbatiale Saint-Sauveur (les stations, il veut revoir les stations, il veut les compter… Pourquoi est-ce si important ? Il ne sait pas.)

Denise  





  C’est en se levant ce matin qu’il arracha ses pieds sculptés du dallage froid de l’église. Il devait y aller, il était temps. Avancer, reprendre le chemin, trouver la pierre noire des écritures déchiffrées, la contempler, la toucher, la vivre dans sa chair.

Il alluma son portable, vérifia la météo - beau fixe, pas de message, pas d’appel en attente, rien, il pouvait y aller. Il n’était plus loin très maintenant, mais les distances à pied se comptent en heures, en jours. L’air qui circulait entre sa peau et les os de son crane suffisait à alimenter la pulsion électrique nécessaire à ses pas. Petit il courrait, s’arrêtait rarement, uniquement pour reprendre son souffle, écarter une mèche de cheveux tombée devant ses yeux. Parfois c’est lui qui tombait, épuisé, à bout de souffle, cherchant un indice qui lui indiquerait le chemin. Alors il restait assis sur la terre humide, sur l’herbe ou bien sur une pierre. Les pierres de son enfance furent toutes blanches.  Du blanc, toujours du blanc, même le ciel était blanc quand il cessait de respirer. En grandissant il ressentit une attirance toute particulière pour le bleu. Un bleuté très pâle, comme délavé, presque invisible, discret, pudique. Le bleuté de l’encre utilisée dans le monde clos de l’école. Les cris, les jeux dans la cour, les grandes fenêtres ouvertes sur le vide, le tableau qui grince, la craie qui crisse, l’estrade imposante où l’instituteur domine le monde. Lui l’enfant rêvait de s’évader alors le bleuté de l’encre l’emportait sur un navire, il larguait les amarres, avec les mots qu’il traçait il quittait la terre, voguait des heures, jusqu’à épuisement …  Quand il tomba malade, ils crurent qu’il mourrait. Il resta des jours entiers de mois entiers cloué dans son lit sans pouvoir ni parler ni pleurer. Ils ne comprirent pas pourquoi sa vie devait rester ancrée dans un lit, barque frêle sans dérive, immobile. Il souffrait en silence dans son corps. Il avait perdu les mots, on les lui avait arrachés. Un jour de retour de navigation le maître l’attendait sur l’estrade comme un terrien pauvre d’espoir de découvertes.  Le maître lui avait dit que ses voyages ne le mèneraient nulle part. Et même s’il se prenait pour un grand marin, la rive juste là de l’autre côté il ne l’atteindrait  jamais.  Pas d’illusion, l’encre bleutée le coulerait au fond de l’encrier. Sans crier  il s’est noyé au fond de son lit.  Pendant des années ils l’avaient enfermé –  pour sa santé  disaient-ils dans un lieu tout blanc,  lui qui n’aimait que le bleu. Il essayait de remonter pourtant mais l'écume des vagues d’assauts répétées le rejetaient vers le fond de l’eau là où la lumière peine à arriver.  Alors il a fait le mort, a dit –« oui  le blanc est une couleur ravissante merci. »  Alors il a pu sortir du lieu tout blanc et depuis il cherche la pierre noire des écritures déchiffrées, celle qui ancre à la terre et encre le papier qui se défroisse pour lui le vivant.

Et maintenant il marche. Il est grand, c’est un homme. Ses chaussures neuves avaient épousé la forme de ses pieds et la qualité de son pas, parfois assuré, parfois dansant, hésitant ou mordant la terre, la pierraille, le bitume, l’étendue herbeuse s'affirmait. Il regarda cette seconde peau dont il prenait soin et se félicita de cet achat onéreux. Une belle connivence s’était installée entre elle et lui, tous deux s’appréciaient.

Sa vieille gourde cabossée emplie d’eau faisait mélodie au fond de son sac, il se laissa porter par le rythme du liquide synchro à son allure. C’était comme une rivière qui rencontre un dénivelé - déni levé, juste ce qu’il faut pour filer comme le vent. Pas  d’essoufflement ni de renversement. Il croqua dans une figue cueillit en chemin. Le fruit sans résistance s’offrit à sa gourmandise. Il sentit le sucre couler dans son sang, fleuve nonchalant et ralentit le pas. Il pouvait sentir la ville. En faisant silence il l’entendait, elle respirait. Y plonger, naviguer dans ses ruelles, gravir ses escaliers comme des échelles, découvrir ses horizons pour  ramener à la surface  la pierre noire.  

Le soleil était clément quand la ville fut à ses pieds. Clochers,  tourelles, toits de tuiles, cité cerclée d’un anneau de verdure. Il descendit la colline, traversa le Célé en empruntant le vieux pont  au sud de la ville qui débouchait sur la rue marchande du Figeac médiéval.

Il était arrivé.

Une entrée de ville dans un autre temps. C’est le frôlement du pas des passants sur les pavés, le chuintement d’une poussette, les pleurs d’un enfant. Il croise une vieille dame chapeautée, long manteau blanc de laine effleurant le sol, ses cheveux blancs sont un nuage qui annonce l’orage. Il croise le regard d’un homme ventru, c’est une barbe-bleue assise à la terrasse de la « Salamandre. » En face un portail en pierre orné de feuilles de chêne cache sous ses voutes un inélégant magasin de vêtements. Plus loin une boulangerie fermée, devanture poussiéreuse, une boutique de lingerie démodée, soutiens-gorges crèmes, armatures renforcées, un coiffeur, une superette qui se voudrait discrète pour ne pas détonner dans le décor, en face des jeunes font la manche, deux chiens rouges les escortent, une banque, l’entrée  d’une cour, une armure, des Templiers, château transformé, en face une  hélice comme un couteau, reconversion improbable, des tuiles au sol.

 Il s’arrête là, ne peut aller plus loin, fait demi-tour.

Le pas léger qui l’a porté pendant ses jours de marche s’appesantit insensiblement. Lui qui imaginait  être en joie à son entrée dans la ville il ressent une grande lassitude. Elle s’abat sur ses épaules, s’insinue dans son cou, glisse le long de sa colonne vertébrale, s’étale sur ses reins, descend le long de ses jambes pour chuter lourdement dans ses chaussures et étouffer ses pieds. Il renoncera finalement à plonger dans la ville pour plonger dans un lit  au quatrième étage d’un vieil immeuble près de la Place aux Herbes. Ce sera un sommeil vide, une nuit sans rêves ni cauchemars, de celles qui revigorent tout en déboussolant le dormeur qui se réveille et ne sait où il se trouve. Pieds, tête, bras, jambes, nord, sud, est, ouest où sont les toilettes ? L’hôte lui apportera un petit déjeuné raffiné pour une journée riche à venir. Il prend son temps. La terrasse couverte d’une avancée en bois lui est agréable. Un jasmin gracieux y libère une fragrance exotique qui lui rappelle des voyages anciens, une mer étale, bleue, une plage au sable noir, un volcan maître des rizières, des pêcheurs maîtres de leurs bateaux taillés dans l’arbre. Ils ne savent pas nager ces pêcheurs légers ils couleraient comme les pierres au fond de l’eau pour rejoindre les poissons qui les mangeraient.

- « Un poisson qui regarde le ciel c’est une écriture en réveille. Un poisson qui mange un homme qui regarde le ciel c’est en homme en éveil» pense-t-il.

- « Allez debout moussaillon ! »

Une fois dehors il s’aperçut que l’unique poissonnerie de la ville était sise au débouché de l’escalier menant à  sa chambre. Ce fut comme un coup de vent, de celui qui gonfle soudainement les voiles. Un navigateur n’y prenant garde s’éloignerait de sa route sans espoir de retour. Un grain. C’est le terme, un grain ! Il en a connu des grains. Plusieurs. Il se souvient.  Il se revoit  enfermé dans la chambre blanche, il sent les vagues qui le rejettent sans cesse. Il tenait dans son poing fermé sa petite clé d’or. Les hommes en blanc la lui avaient laissée. Puis il avait fait le mort. Un poisson l’a mangé, il s’est réveillé sur la page de sable noir. Quelques mots, des écrits, des lettres et l’oubli …

Aujourd’hui son poing est ouvert, sa main regarde le ciel. Au fond de son sac dort la petite clé d’or. Il s’en remet au destin. Il ne sait rien d’ici mais demande un peu de temps pour voir, un peu de temps pour dormir, un peu de temps pour ne rien faire, un peu de temps pour sourire, enfin du temps pour tracer sur le sable noir des signes qu’aucune vague n’effacera plus. Trouver la pierre noire des écritures déchiffrées. Le temps lui appartient.  Il remonte en courant l’escalier, cherche la clé au fond de son sac, la trouve, passe devant la poissonnerie, pas de coup de vent - calme plat, avance au hasard. Au coin des rues de petites clés bleutées numérotées sont dessinées sur des panneaux de métal ouvragé comme un chemin à suivre :

Palais Balène N°3, grand cétacé

Place de l’Estang N° 9,  de l’eau

rue du Canal N°10, de l’eau encore. Il est sur l’estrade, il vogue, le maître d’école est mort. Au fond des océans sa blouse et ses lunettes de myope

Hôtel Galiot de Genouillac N°13, croit y voir dessinée une grenouille sur le flanc d'un navire de haute mer

Hôtel de Colomb N° 19, découverte du nouveau monde grand navigateur, le marin se réveille, les voiles gonflent, l’enfant navigue du bleu dans les yeux

Hôtel du Viguier N°21, rue Delzhens, l’encre des chemins maison du XIII ème. Où se trouve la pierre noire.

Ici.

La clé d’or à la main, il s’approche de la porte en bois, introduit la clé dans la serrure, tourne la clé, pousse la porte, entre, referme la porte. Clac !

Une cour carrée emplie de soleil, des taches d’ombre, des arcades, pierre ouvragée, une fontaine, de l’eau, elle est fraîche, un puits, margelle couverte, des fleurs, des cyprès qu’il pourrait toucher, un escalier,  pierre bleutée, une coursive. Il a chaud, sa veste lui semble trop grande, manque un bouton. Il est nu pied, regarde ses orteils qui s’agitent à l’air libre. Une seule peau. Bleutée, celle des Dieux.  

- « Monsieur a bien dormi ? Monsieur prendra-t-il son déjeuner près de la piscine ?  Madame est partie ce matin avec la petite clé d’or. Monsieur souhaite-t-il écrire après son bain ? »

Il cligne les yeux, deux fentes, minces, pour viser plus loin, ne répond pas, se dirige vers la table dressée, nappe blanche, jus de fruit, mangue. Mange. Plonge dans la piscine. Nage. Du fond de l’eau regarde le ciel. Baleine ventre blanc glisse dans le ciel vers l’ouest. Un tour de piste, ceinture terrestre. Un cercle. Revenir. Il ouvre son ordinateur, l’allume. Page d’accueil est pierre noire des écritures déchiffrées. Un rire joyeux. Il se retourne. Sa femme est là.

SimOne 21-25/08/17 Cap Blanc 

 
 

 

Commentaires

euh...

 super textes ! j'y ai retrouvé la belle ambiance Figeac, baignée de m'imaginaire de la pierre de rosette et du chemin de compostelle. belle déclinaison en trois versions, toutes magnifiques. 

 


abibon | Le Lundi 28/08/2017 à 09:48 | [^] | Répondre

Re: euh...

un cahier neuf
un reporter 
une encre bleutée ..

 


Aphanèse | Le Lundi 02/04/2018 à 02:01 | [^] | Répondre

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