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Staccato

 



Staccato Prélude

Une note ici

Une note là

Elles arrivent

Volages

Sans partition

Dissonance

Chaos de voix

Plumes s’aiguisent, se frôlent, se frottent

Cordes s’accordent

Vents tournoient

Cuivres étincellent

Re connaissance

Sourires

Bonjour Toi,

Première fois

Entre urgence et patience

Joie

Ensemble, bientôt

Le voyage

Entre les mains,

Première lettre

Etonnement

Silence

Au bout des doigts recueillis

Extrême tension de l’archer

Baguette suspendue

Notes immobiles

Sur le fil

...

Frémissement

Vibration lointaine

Frêle voix d’automne

Sanglot familier d’un violon, Pincement de corde

Où se glisse un son nouveau Touche noire, touche blanche Doucement entremêlées Goutte à gouttes pianissimo Le ciel s’ouvre

Envol

 

 

 

Mezza Voce: Chant du chœur

Sans elle, elle vole.

Etonnée de ne pas l’avoir encore prononcée.

Etonnée qu’une phrase entière puisse se déployer sans elle, lettre origine dont elle est née.

Elle vogue dans les airs, plane, joue, s’enroule et se déroule au gré du vent qu’elle épouse, soudain si légère, file dans l’horizon ouvert, regard loin devant, flèche tendue de désir, désir, désir, désir, sans elle peut se dire, une fois, deux fois, trois fois à l’infini, note volage de nuage en nuage, changeante, insaisissable, blanche ronde bouche ouverte, noires croches s’accrochent le temps d’un trois, se décrochent, la phrase se déploie, rebelle, aérienne, frivole, se joue de l’absence, s’étire encore, rebondit, sautille de fil en fil, s’élève au plus haut, et chute en cascade dans un éclat de rire, tisse la toile, file la laine au fond du ciel, éprise des étoiles, sans elle aller au plus loin, au confins du langage, inattendu voyage, étreindre l’univers, atteindre le tout autre, se perdre étonnée dans un flot de signes nouveaux gravés sur les tables de roc au cœur du désert dont elle se retira.

Silence.

Vibration du violon. Sans elle lointaine note du sanglot coulant sur une joue esseulée. Chœur de cuivre, voix grave dans la nuit traversée. Allons, allons, ne plus pleurer. Ne pas se retourner. Ne pas revenir. Poursuivre le voyage. Aller de l’avant. Ne pas chercher autour la lettre perdue.

Echo plaintif des cordes, sans elle soudain, l’indicible essentiel. Ciel se vide, rêves se perdent... langue s’assèche...cordes grincent...gorges s’obstruent...plus de souffle... s’il vous plait une goutte, une seule goutte d’elle encore...j’ai si soif.

Allons, allons, ne plus pleurer. Ne pas se retourner. Poursuivre le voyage. 


Adagio decrescendo: Le Songe

Je marche, guidée par la lueur d’un songe. Un livre s’ouvre derrière le comptoir de l’enfance, un livre éclairé d’une modeste ampoule qu’une main ajuste. Le livre, seul éclairé dans la nuit profonde.

Je marche à sa recherche. A la recherche du livre déjà écrit, sûre qu’il se cache quelque part. Je marche depuis quarante lunes. Gratte la terre, fouille le sable, déplace les roches, creuse, ravine, scrute, décortique, dissèque, pour seul guide la présence obsédante du livre et une main intermittente indiquant ici un tunnel, là une porte, une autre porte, une ruelle, un échafaudage, une issue, un étroit passage, ici des pas trop grands où poser les miens, une route accidentée, là une impénétrable forêt.

J’avance encore, chaque pas un peu plus lent, usée, ébréchée par le temps de la quête, lourde de tous les mots ramassés, fragments entassés dans les poches, pages noircies d’histoires, lambeaux de lettres déterrées, la plus belle pliée dans la paume, « Lettre d’une inconnue ».

Le livre demeure insaisissable.

J’avance dans le sable mouvant d’un temps qui n’est plus. Chaque pas plus lent.

Jusqu’à la pointe, l’extrême pointe de la quête.


 

Là où un infime évènement engendre un basculement irréversible. Côte déchiquetée par

les assauts des vagues.

Un pas me sépare du vide.

Un vent fort me projette en arrière. Un vent d’en face, de l’autre côté.

Là où je vis une silhouette. Immobile. Ombre chinoise dans la lumière crépusculaire.

Je crie, les mains en porte voix:

« Qui es-tu ? Homme ou arbre ?

Est-ce ton dos ou ta face que je vois ? »

Echo ramené par le vent.

Rien que ma voix, toujours la même.

Entre lui et moi un infranchissable silence. Lento: Marche funèbre

Dans l’étroit défilé rocheux, j’entendis le chant d’une cordée de femmes. Femmes d’une

même lignée, unies en un long chemin de croix. Femmes courbées, corps de désirs

brisés, ployant sous le joug de marmites brûlantes, condamnées à gravir en silence une

éternité de marches au rythme d’un funèbre chant de foi et d’espérance.

Je la vis, elle, me précédent, silhouette de dos sur le seuil.

Entrainée dans leur lente procession, je vis le seuil se rapprocher. Innocente enfant, je

suivais. A l’abri de son ombre, tenant ferme la corde du destin. Le chemin était étroit.

J’avançais, mes pas dans les leurs, les yeux rivés sur la silhouette.

Surtout ne pas regarder à côté. Avancer. Avancer. Le regard au bout de la lignée, premier

maillon invisible perdu dans une lueur diffuse.

A coté, gravés dans la chair rouge de la roche, les bouches voraces

A côté les coulées de larmes et de sang

A côté les seins mutilés, langues arrachées, visages bandés

A côté la folle, l’exclue de la lignée, dernière parole agonisante, tuée à coup de langue

tranchante, sa langue à lui, à côté, pendue au visage bouffi, bavante sur le roc de la

mémoire,

A côté le signe impérieux du silence, longue injonction gravée dans le bas relief du défilé,

saut impérial de la lignée,

A côté, ce que je ne devais pas voir et que je vis un jour par la fenêtre de l’arche.

Le seuil est proche.

Je ralentis le pas. Reins enserrés dans la corde.

Elle ralentit aussi. Elle a déjà franchi le seuil.

Il n’y a plus qu’un pas.

Je ralentis encore.

Là, juste à côté, au seuil du passage, logé au creux d’une alcôve de grès rose tissé de fins

capillaires, l’empreinte fossilisée de l’embryon. L’embryon déposé par la mère dans un

cri de douleur, ventre vidé de sa substance, grondement de l’aspiration, geste ultime de

la mère tremblante, don de la mer à la pierre, parce que la pierre accueille, parce que la

pierre n’oublie pas.

Je n’avance plus.

Devant, elle ne peut plus m’attendre.

Tension de la corde.

Cris des reins.

Vie qui ne tient plus qu’à un pas.

 

 

 

Requiem: chant du chœur

Ailes clouées aux coulées de son sang

Chairs écorchées aux brulures de sa peau

Griffes plantées dans son ventre en lambeaux Il la regarde, l’enfant.

Yeux ébahis ouverts sur la mer morte Bruissement du sel, corps en dissolution Son du glas, s’ébranle la procession

Dernier murmure du clapotis

Elle chante encore, frisson de linceul blanc Sans un cri, sans un bruit

Paupières se closent, soupir de l’enfant

Regarde, mon père, comme depuis je flotte Bravant médusée les vagues de la morte Sang de mon sang, pourquoi es-tu absent?

Largo: le Lieu du père

Qui es tu, toi là‐bas, de l’autre côté ?

Dans le vent l’écho se perd, tourbillons de sable, fragments de père

Un vaisseau de granit au milieu de nulle part

Une dent archaïque au milieu du palais

Une chevelure rebelle qu’un peigne édenté tente de dompter sous l’œil dubitatif du miroir

Un coup de galoche dans le caniveau au reflet de lune

Une oreille parabolique tendue vers un indescriptible ailleurs, un œil télescopique tourné

vers Vénus

Un pas lent soudain suspendu par un chant d’oiseau, le surgissement nocturne d’un cri

animal

La maison de l’étrange au cerbère inquiétant, une porte qui s’ouvre en caverneux

bâillement

Un avaleur de nuit, un mastiqueur d’ombres que la langue de feu brûle dans la forge

La foulée des matins frais sur la lande, la bouffée de vent d’Ouest balayant les cendres

Un évideur d’évidences, un briseur d’illusions, un chercheur d’épaves sur les grèves désertes

La lutte du chaos et ses forces contraires, un front de mer battu par les tempêtes

Un océan dans une carcasse de fer

Un silencieux jouisseur de sons

Un univers courbé sur l’insondable mystère

Un regard fixe nimbé d’infini

Qui soudain se pose sur vous

Vous interroge

« Qui es-tu toi ? »


 

Sotto Voce: le murmure

Penchée au bord du ciel silencieux, dont je n’apercevais que l’obscur reflet d’une eau saumâtre, j’entendis le murmure d’une rivière lointaine sous terraine, chuintement imperceptible d’un autre temps, comme un secret à mon oreille tendue.

Cesoichanchoujoinsoleimansourochrouchsuichusqrosdamas La hel sekrem ?

Chuuu...hasienzzz...laisschanros...suichemcenschusqantiochsuichaabaschusqelhabios La hel sekrem ?

Chuuu...hasienzzz...laisschuinboss...suichemsoichusqseptsagesssuisoeursaladinsousigns erpochattocheros

La hel sekrem ?

Chuuu...hasienzzz...laisscharos...suichamchusqelharrachparsikabysschusqsarcophachha lbehsedsusarfagsignmoussa

La hel sekrem ?

Chuuu...hasienzzz...laisschanmoussa...suisicenmachsaficepasstombotozetbabazchusqso msousextsigneros

La hel sekrem ?

Chuuu...hasienzzz...vaaaaaah...la Vivacissimo : chant du chœur

A l’extrême pointe de la quête, à l’extrême tension de la corde, vie suspendue dans un pas, penchée au bord du silence, un la murmuré à son oreille, qui soudain aspire les nuages, les déserts et les mers, ombres et lumières, aurores et crépuscules, les routes de la soie et chemins de traverse, cathédrales de jade et palais d’opaline, les mille et une nuits, les sables et les roses, les quatre vents d’antan, les couronnes des rois et dentelles des reines, les feux de Bengale, les cités minérales, le battement d’un cœur dans la pierre diaphane, les vallées d’amandiers aux chevelures marines, les deux mains qui se tendent, la danse tant attendue, les arches arc boutés sur les pluies diluviennes, les navires d’étoiles et Vénus à la proue, bras ouvrant l’espace du cortège lacté, les gouffres et les ponts, le pas de Gulliver, les tremblements de terre, les cyclones, les typhons et le fracassement des cascades d’eau claire, les tambours du Bronx, les djembés du Mali, mandolines de Rio et sonneurs de Bagdad, trompettes de Jéricho et moulins tibétains, balafons du Soudan, les binious de Lorient..

Et le son cristallin du triangle divin.

...

Jusqu’au silence ultime

Grand silence vainqueur de toutes les fureurs Abîme de silence

Là, où elle demeure

 

 

 

 

Allegro Tranquillamente : chant de l’âme

Où j’entendis le la, le doux la de ton âme, frémissante, onde à portée de cœur

Où je vis nos âmes se chercher, s’effleurer, se rejoindre enfin, danser, s’étreindre,

s’enrouler, se dérouler, vagues ailées avalant les falaises, chute soudaine dans la rivière

sauvage, frisson de plumes s’ébrouant en riant, et dans un son strident s’élever en

spirale

Où je vis nos âmes alors ivres de joie s’engouffrer par un pli de la roche,

S’étendre sur la pierre, douce pierre de lumière

Où je ne vis plus

Rien que le chant

Souffle du vent

Caresse des alizés sur nos désirs ailés.


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