

du 2 au 13 février nous avons eu le plaisir de vivre
un atelier écriture à Bali.


Une pluie fine, drue, froide. Un ciel noir piqueté d'étoiles, têtes d'épingle clignotantes.
Mon être se mélange à l'ombre passe-muraille pour respirer.
Mes poumons sifflent, arrachent l'air du dehors et l'entrainent avec violence vers les profondeurs insoupçonnées d’un corps qui échappe au jour.
Le labyrinthe ténèbreux du complex organique est en roue libre hors du contrôle mental.
Ça pulse, ça gargouille, ça arrache des squams sanglants qui vont se perdre et inventer des chemins non répertoriés. Je gratte mentalement en fermant les yeux des parois que je ne vois pas. Je devine des contours abruptes et dangereux.
Ça déchire, ça taille, ça aiguise.
Cela m'oblige à composer un sens de vie en surface acceptable pour m'illusionner moi-même. Mais néanmoins je reste en-dessous d'un espace temps établi conforme à la norme et je vague, c'est à dire que je prends forme sans bruit à l'environnement aussi longtemps que j'en suis capable.
Je souffre. Je peste. Je débloque.
Ainsi il m'est arrivé d'arracher les yeux d'un humain dans un acte de grande colère. J'ai mangé cet oeil mauvais et l'ai vomi en grande pompe et grand rire de folle malade. C’était bon. Si nécessaire je recommencerais.
Je gratte, je gratte. Je balance et déchire le silence. Des yeux, des bouches, des oreilles. Ouvrir les miens, parler pour exister dans la foule du monde et tendre l’oreille. Une seule active, l'autre est endormie. Entendre ou écouter. Ecorcher le son. Stridence. Survolter l'aigüe. Battre le son sourd. Résonnance grave. Quelle importance.
Mutation.
Je laisse de côté les écailles trop souvent évoquées.
Elles vont me manquer, je les pleure déjà.
Mille ans sur les flancs du monde, j’étais cet animal à la colonne vertébrale effrayante. Une dorsale de pierre. Appelez moi créature. Je suis le cœur de la terre, ça gronde, ça tremble. Mes yeux exorbités regardent le ciel. La lune s'y abîme. Le clapotis des profondeurs se mue en tempête. Des ondulations sous la peau. Un bouillonnement pour étreindre le cœur. Ne pas détruire le monde du dehors ou bien, au contraire le réduire en poussière.
Peut-être casser les lignes droites, bouleverser les destinées des petits points de l'Univers.