J’écoute.
Filaments de brume.
Entre terre et ciel, entre-deux de gris, eau qui ruisselle, se soulève, vague, tourbillon, pierre posée, chant sur la ligne d’horizon.
S’écoule le temps de l’eau, s’écoule le temps de la lune et celui de la terre.
Je ferme les yeux, mon cœur bat du rythme du passage entendu.
Il s’arrête, repart, s’arrête, repart une fois encore.
Mystère, incertitude… alors
j’ai vu l’eau écarlate jaillir des blessures du dragon. Epée levée vers le ciel, jeunesse, force et certitude. Pied posé sur la bête.
Et j’ai vu dans le coton ouaté plissé de la Baie le vieil Archange terrassé à son tour dans l’ultime seconde du temps qu’Il lui a accordé. Saint-Michel est tombé, son épée gît sur le sol. Il n’est pas repartit. Il est mort. Joues mouillées. Tombe fleurie.
Plume blanche en suspend, vie figée.
Frémissent les boutons d’or, têtes levées, au bord du chemin de randonnée.
Vacillent les plumeaux desséchés, sentinelles désuètes luttant contre le souvenir des attaques répétées.
Iris bleu semble perdu. Cherche la barrière du jardin où coller son dos et faire ses conciliabules.
Têtes blanches des pissenlits étourdis, anéantis, ravagés, soufflés sans état d’âme par la faucheuse qui passe… Mais cette fin volatile n’est-elle pas le possible d’un nouveau pied posé ?
Le voile se déchire, avec lui le glacé du miroir de la mort.
pour un temps que je ne peux compter.